Jean Mariaud (opération Frankton)

Rédigé par Alain et Ludovic dans la rubrique Opération spéciale, Portrait

Voici la témoignage traduit d’un journal anglais, concernant l'histoire d'un jeune résistant Jean Mariaud (âgé aujourd'hui de 95 ans) qui a aidé deux royal marines à échapper à la Gestapo, lors d'un raid qui fut l'un les plus audacieux de la seconde guerre mondiale.

Cockle Mark II
En décembre 1942 dix royal marines de la Royal Marines Boom Patrol Detachment, un détachement de commando de marine opèrent en France.L'opération qui commence le 7 décembre 1942 par la mise à l'eau de cinq kayaks Cockle mark II (Catfish, Coalfish, Crayfish, Cuttlefish, Conger) au large de Montalivet a pour but l'attaque des navires de l’Axe, basés dans le port de Bordeaux. Après avoir remonté la rivière Gironde, ils placent des mines limpets sur la ligne de flottaison des navires de commerce allemands, qui se préparaient à transporter des matériaux de guerre au Japon.

Quatre cargos sont très sévèrement touchés, puis deux autres sont également touchés.Les perturbations du port durèrent plusieurs mois. Cette opération fut un tel succès que Winston Churchill dira plus tard que le raid avait permis de raccourcir la guerre de six mois.

Jean Mariaud 2007
Toutefois l'opération avait  eu des conséquences tragiques. Deux des hommes se sont noyés et six ont été capturés et fusillés. Les seuls qui ont survécu, le Major ‘Blondie’ Hasler et le royal marine Bill Sparks, devaient leur vie à M. Mariaud.

Après l'avoir échappé belle, Hasler et Sparks ont fait un trajet de 150 km nord-ouest jusqu'à Ruffec, un lieu important sur la route d’évasion Marie Claire où Mr Mariaud était l'organisateur principal.
Ayant reçu un message des deux hommes perdus, fatigués et affamés, ces derniers prétendaient être des soldats Britannique en fuite. Ils étaient arrivés dans le café Toque Blanche en demandant de l’aide aux propriétaires, M. et Mme. Mandinaud.

- Ils avaient de la chance dit M. Mariaud, les larmes aux yeux.
- S’ils étaient entrés dans un autre établissement, ils auraient probablement été trahis et capturés. J’ai le plus grand respect pour ce que M. Mandinaud a fait.

M. Mariaud avait des soupçons et craignait un piège allemand. Il a cherché de l'aide auprès de son ami M. Paillet, un professeur Anglais à la retraite. Ensemble ils sont allés voir MM. Hasler et Sparks qui attendaient dans une pièce au dessus du café. M. Paillet a commencé à leur poser des questions pour vérifier leur identité. Aussitôt que M. Sparks, un eastender, a commencé à parler, M. Paillet dit :
- Cette un ‘cockney’, aucun Allemand ne pourrait copier cet accent!



Le lendemain M. Mariaud et son beau-frère ont embarqué clandestinement les hommes dans une camionnette de boulangerie et ont été conduits dans une maison sure tout en échappant à des patrouilles allemandes, ou MM. Hasler et Sparks se sont cachés pendant 41 jours avant de passer par Lyon, Marseille puis Perpignan jusqu’à la frontière espagnole où ils sont passés clandestinement en Espagne.


M. Mariaud minimise son rôle :
- On doit être jeune et un peu bête, c’était une question de conscience, a-t-il dit.

Quelques mois plutôt, il avait été arrête par la Gestapo. Prévenu à temps, il avait pu brûler des papiers compromettants. Le four était toujours chaud quand les Allemands sont arrivés chez lui. Mais malgré leur soupçons, il fut libéré après une journée.

Hasler et Sparks après la guerre
Deux recommandations ornent aujourd’hui le mur de sa maison. L’une de Earl Mountbatten, planificateur du raid écrit :
- Je me suis rendu compte que ce serait une mort certaine pour ces hommes vaillants, à moins que des hommes et des femmes courageux de la Résistance Française ne viennent à leur secours.
L’autre exprime la gratitude de la Royal Marines Boom Patrol Detachment :
- En Angleterre nous apprécions votre action, laquelle était dans les plus hautes traditions de la résistance française.

Sauvé de la plage de Dunkerque en 1940, M. Mariaud débarqua dans le Kent, hébergé par une famille de Ramsgate qui par tradition a toujours à disposition un verre de bière.

La dernière fois qu’il a rencontré MM. Hasler et Sparks s'était à une réunion en 1961. Des souvenirs de la guerre et des amis qui n'ont pas survécu sont encore présents.


Operation Frankton (lien)